Je n’avais pas prévu de m’y arrêter, mais le centre ville de Saint-Brieuc est accueillant. J’ai trouvé Cocotte & Moustache, un salon de thé où ils font une très bonne « soupe de légumes du soleil » : avec des tomates, de l’aubergine et du poivron, au minimum. Du coup j’en ai pris une deuxième. J’ai faim ! Je n’ai pas petit-déjeuné ce matin, etc. Et une bonne soupe, après une semaine de crêpes, charcuterie et café-pain beurre, c’est un changement bienvenu.
Bref.
Les deux nuits que je viens de passer au centre de vacances Les Roches ont été reposantes physiquement. Un peu moins métaphysiquement, vu que je viens de finir le bouquin de Moriyama et que doutes et questionnements s’entrechoquent dans le borogove smouale qui me sert de cerveau.
Une chose me frappe, c’est l’audace dont il a fait preuve, en toute inconscience. Il n’a jamais pris une photo de sa vie ? Pas grave : il se fait embaucher comme photographe dans un studio réputé d’Osaka. Il n’a jamais publié ? Pas grave : il démissionne, demande une lettre de recommandation (qu’il obtient) et fonce à Tokyo intégrer Vivo, un groupe très actif de photographes, sans les avoir jamais contactés auparavant, bien entendu. D’ailleurs en arrivant, il apprend que le groupe a été dissous. Pas grave : il supplie un des membres du groupe de lui donner sa chance, de n’importe quelle manière. Ni une ni deux, un des photographes les plus réputés de l’archipel le prend comme assistant.
Moi je dis que sensei Moriyama est fou.
En ce qui me concerne, je suis dans une dynamique que je qualifierais volontiers de statique.
Je fais des photos, je les classe, super. C’est un bon début.
Je m’en tiens à ça. C’est irritant.
Il y a une partie de moi qui se satisfait de cet anonymat. Pas de responsabilité, pas de risque de rejet. J’ai l’impression d’être Marty McFly dans Retour vers le futur. Si je veux changer ça et devenir, d’une certaine manière, adulte, faut-il que je change quelque chose ? Mais un truc un peu gros peut-être, histoire que j’en sente l’effet gravitationnel. Ça ne servirait à rien, probablement, de… de changer de chambre dans mon appartement, et de dormir dans le salon. À rien.
L’idée évidente est le voyage. C’est certainement aussi pour ça que je suis en Bretagne en ce moment. Les résultats de cette approche n’est toutefois pas à 100% concluante. J’ai déjà souvent voyagé, pour des durées diverses et ne suis pas entièrement convaincu de l’étendue de la radicalité du truc. Un bon point accordé à cette approche cependant : je n’en ai pas d’autre.
J’ai fait des images de nuit hier et avant-hier, avec une sensibilité poussée à 12 500, voire 25 000 ISO, et le résultat est assez amusant. L’appareil photo y voit bien mieux que l’œil humain, à la nuit tombante. Ça a son charme ; les couleurs passées m’ont fait penser à Western colors, de Bernard Plossu. Toutes proportions gardées, ça va sans dire.
Ce soir, Saint-Malo.