Le Comte de Monte-Cristo

Alexandre Dumas, LE COMTE DE MONTE-CRISTO

« Quant à l’encre, dit Faria, vous savez comment je procède ; je la fais à mesure que j’en ai besoin.

— Maintenant je m’étonne d’une chose, dit Dantès, c’est que les jours vous aient suffi pour toute cette besogne.

— J’avais les nuits, répondit Faria. 

— Les nuits ! êtes-vous donc de la nature des chats et voyez-vous clair pendant la nuit ?

— Non ; mais Dieu a donné à l’homme l’intelligence pour venir en aide à la pauvreté de ses sens : je me suis procuré de la lumière.

— Comment cela ?

— De la viande qu’on m’apporte je sépare la graisse, je la fais fondre et j’en tire une espèce d’huile compacte. Tenez, voilà ma bougie. »

Et l’abbé montra à Dantès une espèce de lampion, pareil à ceux qui servent dans les illuminations publiques.

« Mais du feu ?

— Voici deux cailloux et du linge brûlé.

— Mais des allumettes ?

— J’ai feint une maladie de peau, et j’ai demandé du soufre, que l’on m’a accordé. »

Dantès posa les objets qu’il tenait sur la table et baissa la tête, écrasé sous la persévérance et la force de ce esprit.

Alexandre Dumas, LE COMTE DE MONTE-CRISTO, La chambre de l’abbé p. 172

Les portes de la perception

LES PORTES DE LA PERCEPTION
Aldous Huxley

Le fameux compte-rendu d’Huxley de son expérience en 1954 avec le peyotl est en fait un court essai d’une cinquantaine de pages. Il tente d’y relater précisément son expérience, puis la compare aux usages qu’a fait l’humanité des plantes psycho-actives. Ce texte est passionnant, parce que Huxley est érudit, s’exprime avec précision et clarté, et a un large horizon mental : il a des choses intéressantes à dire.

J’ai ensuite été surpris de voir que les autres courts textes de ce recueil ne parlaient que de mysticisme ; surtout les classiques chrétiens et bouddhistes. La raison en apparaît au fil de la lecture. Il aborde le mysticisme dans la perspective de la perception de la réalité, des illusions et de l’Illumination. Ça donne finalement une certaine cohérence à ce recueil : partir d’une expérience personnelle bien documentée et l’articuler à des recherches pré-existantes.

On peut le conseiller comme une introduction au mysticisme (pour les nuls, dira la langue de vipère), permettant d’en saisir des notions de base pour comprendre de quoi il s’agit, au-delà des préjugés courants. Sans trop approfondir le sujet, la légèreté de lecture de ce livre — bien écrit et bien traduit — en fait un indispensable de la culture générale contemporaine.

« La non-humanité des fleurs, comme celle des niveaux les plus profonds de notre esprit, […] »
p. 299