J’en ai assez. Partir à la chasse aux histoires a laissé des séquelles en moi, non pas sur mon corps mais dans mon esprit. Travailler comme ça ne me procure plus la joie de mes débuts, tout est assombri par la poursuite d’un but éditorial, le gain attendu, les arrangements avec la réalité pour rendre un sujet intéressant. Je me contrefiche de cette presse à sensations. Je refuse de faire ce qu’on trouve dans des milliers de publications dans le monde entier. Des frissons de bas étage ou une histoire stupide qui n’ont aucun intérêt et feraient mieux de rester ignorés. Je réalise que ce genre de travail demande de gros efforts, et que je ne suis tout simplement pas ce type de journaliste de presse. Je n’ai aucun pouvoir face aux grands titres de presse, ce n’est plus possible, je prostitue mon travail et ça suffit. Au plus profond de moi, je reste et je resterai toujours un artiste.
Magnum analog recovery (collectif) / Werner Bischoff